samedi 23 février 2013



Comment Marcos Valle a influencé la musique nord-américaine
Le Monde.fr | 15.02.2013 lien


Cheveux longs, chemises à fleurs, moustache hippie : le Brésilien Marcos Valle n'a pas changé d'allure depuis son premier succès, Sonho de Maria, une chanson composée avec son frère Paulo Sergio et enregistrée par le Tamba Trio en 1963.

L'année suivante, son premier album, Samba Demais, porte ce blondinet aux yeux clairs au sommet des passages sur les radios, au Brésil et aux Etats-Unis. Marcos Kostenbader Valle est un pur "carioca" (de Rio), tombé à 17 ans dans un bouillon de culture d'où sortira la bossa-nova. Le jazz est là, la samba toujours, le rock-yéyé de la "jovem guarda" est en train de déferler et de s'élargir à la soul.

Marcos Valle a de quoi séduire les Américains du Nord. Comme Antonio Carlos Jobim, il participe à l'expansion de la musique brésilienne vers les Etats-Unis, en s'acoquinant avec le meilleur prosélyte de l'époque, Sergio Mendes, avec qui il joue en 1965 et 1966, le temps d'installer la fraîcheur sud-américaine, les rythmiques de la samba balancée de bossa, et cette incontournable modernité brésilienne des années 1960, qui résista au coup d'Etat militaire de 1964.

En 1966, Marcos Valle écrit Samba de Verao, un classique (So Nice en anglais) qui parcourt le monde et les répertoires d'innombrables jazzmen et chanteurs, du Walter Wanderley Trio (sur l'album à succès Rain Forest) à Bebel Gilberto.

Le label américain de Seattle, Light In The Attic Records, connu pour la pertinence de ses rééditions, publie quatre albums de Marcos Valle parus entre 1970 et 1973 : Garra, Previsão do Tempo, Marcos Valle et Vento Sul (distribué en France par P.I.A.S), après avoir consacré quelques volets de son catalogue à Serge Gainsbourg, The Last Poets ou Betty Davis. On lui doit également la rédemption des deux albums du guitariste et chanteur Sixto Rodriguez (Sugar Man).

Dans ces rééditions, on trouvera, entre autres, Garra, publié en 1971 chez Odeon Brasil, un des albums les plus réputés de Marcos Valle avec Previsão do Tempo (1973). Valle est alors épaulé par Milton Miranda et Lindolfo Gaya à la production et à la direction musicale. Le résultat est baroque – bossa, oui –, mais tellement pop, funk, soul. Un peu hippie donc, Marcos Valle écrit Mais de 30, ou comment refuser de faire confiance à tous ceux qui ont dépassé cet âge de fin de jeunesse.

Marcos Valle construit des univers musicaux cinématographiques, à l'instar du maître en la matière, Sergio Mendes. Ce dernier est objet d'admiration pour Will.i.am, des Black Eyed Peas.

Marcos Valle, avec sa musique de surfeur cool, mais tarabiscoté dans la pensée, a été samplé par Jay-Z, parce que, rythmiquement, a expliqué le boss du rap new-yorkais, les volutes de Ele e Ela n'ont pas leur égal.

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